Adieu Papa Éric

Adieu Papa Éric

Un hommage signé par Alain Englebert, Président d’En avant les Enfants, au nom des cinq associations En avant les Enfants, Fonds Ngangi, Festival Amani, Comequi, Kivu Travel.

Éric de Lamotte, entrepreneur passionné, est décédé ce 17 août 2020, emporté par un cancer foudroyant.

Durant plus de 25 ans, Éric de Lamotte a redonné à l’amitié belgo-congolaise toutes ses lettres de noblesse. Celles qui construisent l’avenir avec enthousiasme, dans le respect des différences. Celles qui cimentent le souci de relever les plus fragilisés pour un mieux-être et une vie digne. Celles qui dépassent les différends actuels pour faire prévaloir une coopération vraie, Nord-Sud et Sud-Sud.

Enthousiaste et déterminé, convaincu qu’il faut beaucoup donner lorsqu’on a beaucoup reçu, Éric de Lamotte – financier avisé – s’est construit une nouvelle voie : restaurer la dignité de ceux qui, à Goma au Nord-Kivu, abandonnés de tous, étaient dépourvus de tout.

Cette voie, il l’a construite en érigeant de solides ponts. Ouvrages aux styles aussi nombreux que variés, ils ont pour nom : la confiance en soi, l’élévation de l’âme et de l’esprit, l’accès à la culture pour tous, la solidarité sociale, la responsabilité sociétale ou encore la dynamique intergénérationnelle.

Entrepreneur charismatique, visionnaire d’un monde meilleur, il a bâti ces ponts avec la rage de porter l’éducation et l’entrepreneuriat au centre de son action pour un développement durable. Sur cette base, il a fondé, voici 25 ans, avec son amie Nicole Esselen, l’association En avant les Enfants (EALE) et il a promu, depuis plus de dix ans, les associations Comequi et, sa plus grande fierté, le Fonds Ngangi. Insatiable dans sa généreuse folie, au son des canons qui ravageaient alors le Nord-Kivu et spécialement son chef-lieu, Goma, il a encore créé en 2011, avec la généreuse complicité de Vincent Goffin et le soutien du WBI, le Foyer culturel de Goma, cheville ouvrière du Festival Amani (2014). Ses objectifs ? Faire éclore les talents de la RDC, du Rwanda et du Burundi pour éteindre le feu des luttes ethniques et chanter la paix. Un succès annuellement renouvelé avec plus de 30 000 festivaliers.

Éric de Lamotte a ainsi embrassé les réalités socio-économiques les plus dures avec une conviction profonde : tout est possible à celui qui ose y croire, et se donner sans compter. Car l’éducation est plurielle : certes l’éveil des bébés, l’éducation scolaire, l’accueil et la réinsertion, la formation professionnelle ou universitaire, mais aussi l’éducation par le sport, par la culture, par le travail ou encore par l’entrepreneuriat.

Au-delà de la restauration de la dignité des plus fragilisés de Goma au travers d’EALE, Éric de Lamotte a encore activement soutenu, avec son ami de toujours Michel Verwilghen, d’une part, la création de Comequi pour relancer les plantations de café au Nord-Kivu, pilier historique de l’économie régionale tant leur qualité était mondialement reconnue et, d’autre part, Smico, société spécialisée dans les micro-crédits, pour financer les jeunes entrepreneurs du Kivu.

Le ciment de ces diverses actions ? Le tissage de liens forts et durables entre les Belges et les Congolais partageant les mêmes valeurs de solidarité et de respect pour contribuer à un monde meilleur. Pour les consolider et les diffuser, Éric de Lamotte a encore créé Kivu Travel. Cette agence touristique responsable propose de découvrir les exceptionnelles beautés et la diversité du Kivu, tout en s’intéressant aux projets de développement d’EALE et de Comequi.

Ce ciment de liens puissants a percé les générations ; les enfants d’Éric de Lamotte sont ainsi des piliers du Fonds Ngangi. À ce jour, ce fonds regroupe une centaine de jeunes belges qui se donnent sans compter pour financer des bourses universitaires au bénéfice des jeunes Gomatraciens et l’aménagement du futur centre culturel et d’entrepreneuriat de Goma qui devrait ouvrir ses portes en 2022.

La flamme d’Éric de Lamotte, ce colosse humaniste amoureux du Kivu, continuera donc à briller par la jeunesse qui, déjà, prend le relais.